Les créatures folkloriques: les yôkai

Publié le par Ananas

Historique

Les yôkai sont des monstres, des eprits, des créatures mythiques, issus des  contes et légendes shintoïstes et boudhiques. Des sculptures datant de l'époque Jômon (période préhistorique) montrent que ces créatures ont toujours fasciné les japonais.

Il faut attendre le XIIe siècle (le régime des nobles cède alors la place à celui des samourai) pour voir apparaitre les premières peintures de monstres. Ces oeuvres reflètent souvent un monde misérable, une société angoissée par le système du Shogounat et par la guerre. La popuation commence alors à s'interresser à tout ce qui a trait au surnaturel.

A l'époque Muromachi (1392-1573), la peinture sur rouleau, qui représente les aventures de créatures maléfiques, gagne en popularité. A l'époque d'Edo (1603-1868), période de croissance économique et culturelle, la passion pour les yôkai devient une véritable source ce divertissement. Ainsi, les représentations et les classifications de ces créatures se déclinent sous forme d'estampes, de livres illustrés et de kakemono. La plus célèbre peinture sur rouleau est celle du Cortège nocturne des cent démons (hyakki-yakô), qui date du XVIe siècle. Elle illustre non sans humour noir la vengeance des objets mis au rebut, en respectant le principe de l'animisme, selon lequel toute chose est dotée d'une âme (le volume 6 de XXX Holic fait d'ailleurs référence à ce fameux rouleau). D'autres illustrations s'inspirent du concept des "cent récits" (hyaku-monogatari).

Le bestiaire semble inépuisable. Certains créatures sont féroces et effrayantes, alors que d'autres sont attendrissantes et drôles, telles que le kitsune, le tanuki, le kappa ou le nopperabô. Le thème populaire du spèctre, que le cinema reprendra par la suite, occupe aussi une place prédominante.

Grâce au développement des techniques picturales, la diffusion des oeuvres représentant des yôkai croît dès le début du XVIIe siècle. Mais le déclin survient à l'époque Meiji (1968-1912), où les japonais se désinterressent de ces créatures folkloriques,  en raison de la modernisation. Il faut attendre  l'après guerre pour que les yôkai soient de nouveau en vogue, par l'intermédiaire de la bande dessinée japonaise. A la fin des années 60, ce genre à part entière connait une popularité sans précédent, qui marque égalment le début du succès de l'édition de manga.

Les yôkai les plus connus

Kappa: créature mythique du folklore japonais, notamment populaire dans la région de Kyushu. Esprit des eaux, le kappa a la taille d'une enfant de trois ou quatre ans. Il a un corps verdâtre avec une carapace de tortue et ses pieds et mains sont palmés. Une coupe remplie d'eau se trouve sur son, crâne recouvert de longs cheveux, ce qui lui permet de survivre hors du milieu aquatique. Selon les régions, cette créature peut être bienfaisante ou maléfique. Elle est d'ailleurs responsable des noyades d'enfants. Elle aime le concombre, d'où le fameux nom du plat japonais "kappa-maki".

Kitsune: désigne un renard. Dans les légendes shintoïstes, cet animal est polymorphe, comme le tanuki et le tengu: il peut prendre n'importe quelle apparence, le plus souvent celle d'une femme. Selon la légende, le kitsune peut avquérir jusqu'à neuf queues, chacune représentant 100 ans de sa vie. Il est alors appelé "kyùubi no kitsune". Il est également le gardien des temples shintoïstes et le messager d'Inari, la déesse du riz.

Nopperabô: créature pythique dans les histoires de fantômes japonais. Spectre d'une jeune femme dépourvue de visage qui effraie les voyageurs en se retournant brusquement vers eux.

Oni: nom générique qui désigne les démons du follore japonais. Ils sont souvent représentés avec des cornes, de gros yeux globuleux et un visage rouge (aka-oni) ou bleu (ao-oni). Ces personnages sont les plus représentés dans le théatre tradditionnel nô et kabuki. Selon  les boudhistes,  l'enfer abrite plusieurs de ces créatures. Toutefois, les japonais pensent qu'en réalité, ces oni sont d'anciens kami, des divinités du shintoïsme.

Rokuro-kubi: créature mythique dans les histoires de fantôme japonais. Spectre d'une femme au cou démesuré qui vient trouler le sommeil des japonais.

Tanuki: mammifère originaire de Sibérie qui mesure 60 cm et joue une rôle prépondérant dans le folklore japonais. Tout comme le kitsune, cet animal est polymorphe. Il adore faire des farces aux humains en se transformant en jolie femme, en religieux boudhiste ou en théière. Il aime le riz, et peut jouer du tambour avec son ventre.

Tengu: l'éthymologie de ce mot vient du chinois "t'ien kou", qui signjifie chien "célèste". Cette créature des légendes boudhistes vit au fin fond de la montagne. Experts en art millitaire, les tengu sont souvent représenés avec un long nz et un visage rouge. Ils tiennent un éventail à sept plumes (ha-uchiwa) et portent des geta. Ces créatures revêtent plusieurs apparences, généralement celle d'un corbeau géant avec un corps humain (karasu-tengu). En réalité, elles incarneraient les yamabushi.

Yuki-onna: "femme des neiges", personnage des contes populaires. Ce fantôme apparait à la pleine lune, lors des nuits enneigées. Il est souvent décrit comme une jeune femme portant un enfant dans ses bras. Il ôte la vie de ceux qui se retrouvent coincés dans une tempête de neige et de ceux qui dévoilent son identité aux autres. Il représente également une divinité du nouvel an.

Zashikiwarashi: divinité surtout vénérée dans le nord du Honshu. Cette créature imaginaire du folklore japonais évoque un fantôme invisible qui prend l'apparence d'un enfant apportant le bonheur dans la maison où il habite.

Lexique

geta: chaussures traditionnelles portées avec un kimono. Elles se composent de semelles fixées à des socques en bois et tenues aux pieds par des lanières qui passent par le gros orteil et les autres doigts de pieds.

Hyaku-monogatari: rite destiné à faire apparaitre les esprits. Les japonais se réunissent à plusieurs dans une pièce où cent bougies sont allmées. Chacun raconte à tour de rôle une histoire de fantômes et éteint ensuite une bougie. A la centieme bougie éteinte, un fantôme est censé apparaitre.

Kabuki: genre théatral traditionnel. Ce terme est composé de "ka" (musique), "bu" (danse) et "ki" (art et technique). Cet art traditionnel a été introduit par la prêtresse Okuni, au début de l'époque d'Edo. tous les rôles, même ceux de femmes, sont joués par des hommes. Le kabuki connait une déclin au début du XXe siècle, puis un regain de popularité après la seconde guerre mondiale, grâce à certains auteurs qui introduisent des techniques modernes inspirées du théatre occidental.

kakemono ou kakejiku: "une chose que l'on suspend". Peinture ou estampe dessinée sur un support allongé dans le sens de la hauteur, que l'on accroche au mur.

kappa-maki: plat traditionnel japonais. Maki (rouleau de riz vinaigré entouré d'algue) avec des morceaux de concombre.

: art théatral dramatique chanté et dansé, introduit vers le XIVe ou XVe siècle par Kan-ami et son fils Ze-ami à la demande du shogoun Ashikaga Yoshimtsu. Les comédiens portent des masques (nômen) et, comme dans le kabuki, ils sont tous masculins. L'amour, la jalousie et la vengeance sont les thèmes recurrents abordés parle nô.

yamabushi: "ceux qui campent dans la montagne". Prêtres boudhistes des montagnes, autrefois comparés à des ermites-sorciers. Ils portent des costumes anciens semblables à ceux des chamans sibériens: pantalon large, calotte noire (tokin), bâton de pélerin avec des anneaux (shakujô) et chapelet (nenju).


Source: agenda Pika 2006/07. Merci ^^

Publié dans le Japon

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